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L’HYPNOSE ERICKSONIENNE: REDONNER SON POUVOIR À L’ESPRIT


Qu’est-ce que l’état d’hypnose et comment le potentialiser chez tout le monde ? Nous demander si l’hypnose est efficace pour tout le monde revient à nous interroger sur sa légitimité universelle.

Aussi, pourquoi certaines personnes sont-elles complètement en accord avec l’hypnose, au point d’en corroborer son efficacité sûre et totale, avant même, parfois, d’entrer en thérapie, alors que d’autres se sentent complètement réfractaires et expriment un désaccord total avec la pratique, mettant automatiquement en échec son efficacité ?

Il semble pertinent avant tout, de démystifier ce qu’est l’état d’hypnose ericksonienne, et ce qu’elle n’est pas, afin de mieux comprendre en quoi cette thérapie dite « brève » est efficace. Puis, nous comprendrons pourquoi l’hypnose ne serait pas efficace pour certaines personnes.

  • Qu’est-ce que l’état d’hypnose, ou tout aussi communément appelé, la transe hypnotique ?

Milton Erickson la définit comme un état modifié de conscience (aussi nommé EMC), où la personne oscille entre veille et sommeil.

Aussi, que signifie se trouver dans un état modifié de conscience ?

Les propos recueillis par ERICKSON et ROSSI, en 1980, dans L'intégrale des articles de Milton H. Erickson. Tome 1 : De la nature de l'hypnose et de la suggestion, nous indiquent qu’il s’agit « d’un état de conscience dans lequel le thérapeute présente au sujet une communication, avec une compréhension et des idées, pour lui permettre d’utiliser cette compréhension et ces idées à l’intérieur de son propre répertoire d’apprentissages. »

Nous comprenons donc qu’il existe de multiples façons de vivre un état de « transe hypnotique », à partir du moment où la personne est prête à se mettre en situation d’expérimenter une capacité à se relâcher et à profiter pleinement de cet état de lâcher prise et de bien-être, qui apparaît, somme toute, parfaitement naturel. L’enjeu est donc de faire tomber les freins et appréhensions quant à l’état d’hypnose, qui pourraient encore persister chez certains, à cause, sans doute, de fausses croyances ou de « mauvaises raisons », trop souvent véhiculées par des shows vus à la TV, où l’hypnotiseur s’amuse avec ses proies à leur faire faire tout et n’importe quoi…

C’est sans doute pour cette raison qu’il est nécessaire de faire la différence entre l’hypnose spectacle, utilisée à des fins de divertissement, et l’hypnose ericksonienne, dite thérapeutique, utilisée comme un outil de mieux-être pour soigner un trouble souvent d’origine émotionnelle, voire psychique.

Prenons un exemple simple. L’état d’hypnose, qui s’apparente à un état de vigilance modifiée, peut aussi être compris lorsque, par exemple, un conducteur monte dans son véhicule pour se rendre d’un point A à un point B.

Arrivé à sa destination, celui-ci réalise qu’il n’a pas vu le temps ni le chemin passer, tellement sa concentration orientée vers son but final était grande.

L’hypnose s’apparente ainsi à un état de concentration intense permettant d’effectuer des tâches précises, pour la personne ayant un objectif précis de départ.

Une récente étude de 2012 de l’Université de Stanford, nommée « Functional Brain Basis of Hypnozability »[1], menée par le Dr David Spiegel met en lumière, non seulement les bienfaits de l’état modifié de conscience sur l’activité neuronale au sein du cerveau, mais aussi dans quels cas l’hypnose peut s’avérer inefficace.

À l’aide de l’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM), les chercheurs ont pu expliquer que l’hypnose fonctionne en modulant l’activité dans les régions du cerveau associées à la concentration et l’attention, et cette étude apporte des détails convaincants au regard de la capacité neurale pour l’hypnose.

Toutefois, au vu de la complexité du cerveau et des modes de fonctionnement différents chez chacun, il est toutefois compliqué pour les chercheurs d’établir des vérités d’ordre général.

Néanmoins, ces scientifiques ont pu démontré que plus une personne croit en la technique, mieux la technique fonctionne et porte ses fruits.

Aussi devrions-nous alors plutôt comprendre : qu’est-ce qui fait qu’une personne croit que l’hypnose est efficace ?

Si l’on considère, par exemple, l’une des premières sources d’exemple de l’hypnose dans nos sociétés, comment faire en sorte de retourner cette pensée dans l’intérêt du patient et non dans l’intérêt de ses peurs ?

Aussi, les spectacles, shows, et autres artifices sèment également l’illusion que l’hypnose s’apparente à la magie. Il n’est pas rare de voir au moins 1 fois par mois, une nouvelle émission de télé où le thème est d’associer un « hypnotiseur », qui présente sa pratique pour amuser le public, et le divertir.

C’est à ce moment précis que les esprits des gens font l’amalgame et la confusion entre hypnose spectacle, et hypnose thérapeutique…

Or, il est nécessaire de revenir aux fondamentaux de la discipline.

Si l’état d’hypnose est donc un état de concentration extrême de la part du patient, et que, pour atteindre cet état, il lui faut réunir des conditions simples pour parvenir à cet état, alors la question est plutôt tournée sur les conditions de mise en application : l’environnement, le thérapeute, la relation de confiance établie avec celui-ci, notre croyance personnelle vis-à-vis de l’hypnose, etc.

  • Qu’est-ce que l’hypnose ericksonienne traite ?

Une des questions qui m’est souvent posée : « A quoi ça sert ? Est-ce qu’on peut soigner telle ou telle maladie, tel ou tel symptôme ?

Afin de semer tout doute, je rappelle que la maladie, définie communément dans le dictionnaire Larousse comme étant « l’altération de la santé, des fonctions des êtres vivants, animaux ou végétaux, en particulier quand la cause est connue (par opposition à syndrome) »,est un état que nous rencontrons tous, en tant qu’êtres humains, à un moment ou un autre.

Chaque branche de la médecine a sa particularité. Aussi sommes-nous en droit de nous demander quel rôle l’hypnose peut venir jouer ici, dans le traitement et l’amélioration, voire la guérison de certains troubles, et même des maladies dans leur globalité, sans toutefois empiéter sur le domaine de la médecine.

Si, comme nous l’avons vu lors de notre 1èrepartie, l’hypnose est un état de concentration intense, un nouveau mode de communication entre un patient et un thérapeute, alors il est important que le thérapeute présente au sujet une communication, avec une compréhension et des idées, pour lui permettre d’utiliser cette compréhension et ces idées à l’intérieur de son propre répertoire d’apprentissages.

Nous sommes donc en droit de comprendre que l’hypnose ericksonienne a un impact franc sur certaines maladies, certains troubles qui sont ancrés chez le patient depuis des années, voire des décennies, qui croit qu’il ne pourra jamais plus se défaire d’un tel trouble.

Celui-ci ignore alors, consciemment ou inconsciemment, ses multiples possibilités et capacités mentales dont il est toujours pourvu pour modifier son état, jugé comme acquis et immuable.

Une étude de 2009 des Docteurs Finniss, Kaptchuk, Millet et Benedetti[2], montre l’importance du placebo dans les mécanismes corporels. Il s’agit donc de faire croire au corps qu’il est guéri pour qu’il retrouve son propre mécanisme d’autorégulation et d’auto guérison naturels, dont nous sommes tous dotés, un peu à la manière d’un placebo. Pas aussi simple, pourtant !

En effet, si l’on s’en réfère aux principes fondamentaux de la naturopathie par exemple, le principe d’auto guérison implique que le corps a la capacité et les moyens de faire face, seul, aux aléas de la maladie, et il sait se « reprogrammer » vers la guérison. Le naturopathe va simplement user de certaines méthodes et techniques, dites naturelles, telles que la phytothérapie, la nutrition, ou des techniques dites manuelles telles que la réflexologie plantaire ou des massages énergétiques, pour stimuler ce fameux principe d’auto guérison.

Si l’on établit un parallèle entre les disciplines, l’hypnose serait alors un outil supplémentaire pour aider le thérapeute à venir stimuler le principe d’auto guérison du patient et l’aider à se reprogrammer vers la guérison, plutôt que vers la maladie, par des suggestions agissant sur son inconscient, voie royale d’accès au principe d’auto guérison.

Aussi, si le corps sait comment se réparer et se guérir de lui-même, jusqu’à quel point l’hypnose peut-elle agir pour aider à stimuler ce principe d’auto guérison ? Quelles sont ses limites et quelles sont, surtout, ses indications réelles dans le cas de maladies graves et avérées ?

Si l’on sort un instant du domaine médical, les indications pour lesquelles l’hypnose est généralement recommandée sont les suivantes : excès de poids et boulimie en exerçant un rôle de soutien psychologique lors de pertes de poids, arrêt du tabac et autres addictions (alcool, drogues, médicaments, onychophagie, jeux, sexe, …), pour lutter contre les effets négatifs du sevrage ; traitement contre la douleur, notamment pour renforcer les effets de l’anesthésie qui peut être moins lourde dans ce cas si elle y est associée ; troubles psychologiques tels que phobies, stress, névroses, anxiété, impuissance, frigidité, problèmes liés au trac, à la mémoire etc.… ; les troubles d’origine digestifs, notamment s’ils sont dus au stress , etc.

Aussi, nous pouvons très vite comprendre que le dénominateur commun à tous ces troubles relève principalement d’un mauvais traitement de ses émotions par l’inconscient, et des croyances et des perceptions erronées que la personne peut avoir vis-à-vis d’une situation, d’un événement, d’un comportement dans sa vie.

Par exemple, la personne boulimique qui compulse croit qu’elle ne peut se passer de la nourriture pour exprimer ses émotions qui l’assaillent, tandis que le fumeur pense que c’est impossible de se passer de la cigarette pour continuer de profiter de chaque instant.

De la même façon, la personne sur la table d’anesthésie donne un pouvoir plus que conséquent à la dose d’anesthésiant qui, cela a déjà été expérimenté dans les blocs opératoires, peut s’avérer inutile chez certaines personnes car, malgré elles, elles luttent pour se réveiller au cours d’une opération. Tout comme les personnes en proie au stress et à l’anxiété, qui donnent souvent plus de pouvoir que nécessaire à une situation ou à un événement, amplifiant et accroissant les effets nocifs de cette pensée sur leur métabolisme et, plus particulièrement, leur état nerveux. Enfin, la personne en proie à un dysfonctionnement du système digestif, se trouve souvent démesurément en prise avec un stress et une angoisse amplifiés par des pensées envahissantes et négatives.

Or, il est à présent établi et reconnu que, grâce à l’hypnose, la personne atteinte par la maladie apprend à lutter contre son stress, à se détendre, à être plus optimiste et à mieux gérer sa maladie ou son trouble au quotidien.

Dans le cas de maladies chroniques, par exemple, telles que le cancer, l’hypnose peut être une clé pertinente qui permet au traitement d’être plus efficace et qui favorise la guérison.

Également, l’hypnose médicale est très utile pour le suivi de pathologies plus lourdes. Par exemple, dans le contexte pathologique de la sclérose en plaques. Dès la phase diagnostique, elle aide le patient à mieux accepter sa situation et à limiter l’impact de la maladie et de ses symptômes. Elle permet une meilleure gestion des symptômes tels que la fatigue et la douleur. Elle favorise alors une meilleure qualité de vie.

Ainsi, dans ces 2 cas sus cités, l’hypnose vient aider le patient à mieux gérer sa maladie, et non pas forcément à la guérir complètement ; en tout cas, pas dans l’immédiat.

Nous avons tous en tête l’exemple de Milton Erickson qui découvrit l’hypnose lorsqu’il se trouvât, un matin, seul dans son jardin, atteint de poliomyélite, maladie perçue comme incurable alors, installé dans une chaise confortable et se mit à songer, rêver, penser aux travaux qu’il eût souhaité entreprendre s’il eût été valide à ce moment-là.

Aussi, dans ce cas, l’hypnose a-t-elle pu l’aider à s’évader et à rendre son quotidien moins morose ou ennuyant, tout en lui permettant de potentialiser ce mécanisme d’auto guérison et de reconstruction physique, et dans son cas, surtout neurologique et mécanique !

Nous comprenons que les indications sur les maladies que l’hypnose peut aider à guérir ou soigner sont innombrables. Toutes les maladies dites de civilisation, peuvent notamment voir une évolution favorable, puisque nous avons compris qu’il s’agissait avant tout de détourner l’attention de la personne vers un mieux-être, plutôt que de la laisser bloquée et embourbée dans un marasme médical, où la pathologie ne devient plus qu’une avec la personne. Le travail de l’hypnose consiste à dissocier la personne de son trouble afin de mettre en lumière ses forces vives et d’en optimiser sa guérison.

Enfin pouvons-nous citer des cas de maladies chroniques telles que cancers, dépressions, grosses anxiétés, et angoisses pouvant aussi mener à la dépression, les acouphènes, l’onychophagie qui s’apparente également à un trouble du comportement alimentaire en rapport avec une mauvaise gestion du stress quotidien, ou les maladies d’’ordre digestif telles que recto-colites hémorragiques, Crohn, qui sont souvent dues et déclarées suite à un excès de stress dans la vie de la personne. Là où l’esprit a un pouvoir sur le corps, alors l’hypnose peut venir le renforcer dans le bon sens.

[1]Etude consultable sur internet : http://mathbrain.stanford.edu/publications/Hoeft_Functional_Brain_Hypnotizability_12.pdf

[2] Consultable sur Internet : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2832199/

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